L’huile de coco se retrouve dans plus en plus de foyers québécois, ses vertus nous sont sans cesse vantées et sa disponibilité a grandement augmentée. Elle est consommée depuis des milliers d’années dans les zones où l’on pratique la culture du cocotier, soit principalement l’Asie du Sud-Est et les Philippines. De plus, dans la médecine ayurvédique indienne l’huile de coco est utilisée depuis plus de 4000 ans. Démystifions le marketing de la science au sujet de cette huile ‘’magique’’.
Choix de l’huile
Tout d’abord, la disponibilité grandissante de l’huile de coco sur le marché entraîne sans étonnement une diversification en ce qui a trait à sa qualité. Naturellement, l’huile de coco provient de la partie pulpeuse de la noix de coco que l’on appelle la coprah. Celle-ci est prélevée fraiche, idéalement d’une culture biologique sans pesticides ou autres produits chimiques. Elle est par la suite pressée à froid pour obtenir la fameuse huile de coco vierge, non raffinée et pure. L’huile que l’on retrouve sur les tablettes est souvent de type raffinée, ce qui signifie qu’elle a été partiellement ou totalement hydrogénée dans le but d’éliminer les bactéries et d’en supprimer l’odeur et la saveur. L’étiquette doit vous renseigner sur le processus d’affinage et les ingrédients, prenez le temps de le lire et évitez d’acheter pour un prix, achetez plutôt une qualité. Votre huile doit être conservée à température ambiante à l’abri de la lumière et gardera sa forme liquide si la température dépasse 25 degrés celsius. En cas de solidification un léger chauffage permet de la liquéfier, mais attention elle devient très chaude et ce, très rapidement.
Composition de l’huile
Comparativement à la plupart des huiles alimentaires, l’huile de coco ne contient aucune protéine, aucun glucide et aucuns minéraux. Elle renferme principalement des lipides de la classe des acides gras saturés, mais ceux-ci sont des triglycérides à chaîne moyenne (TCM) qui ont la particularité d’être facilement absorbés par l’organisme plutôt que d’être stockés dans les tissus adipeux. Elle possède également une petite quantité de vitamine E, vitamine K et de fer.
Ses effets dans l’organisme
La promotion de l’huile de coco passe par ses nombreux bienfaits tels la santé cardiovasculaire, le renforcement de l’immunité, la promotion de la perte de poids, l’action antibactérienne, l’hydratation de la peau et j’en passe. Mais allons voir quels sont ses effets réellement prouvés sur l’organisme et comment les expliquer.
Effets sur le système cardiovasculaire : Tout d’abord il faut comprendre qu’on retrouve du cholestérol de deux types dans le corps soit les HDL (lipoprotéine de haute densité) et les LDL (lipoprotéines de basse densité). C’est l’augmentation LDL qui est responsable des maladies cardiovasculaires. Comme mentionné plus tôt, l’huile de coco possède 90% d’acides gras saturés ce qui tend à augmenter la proportion de LDL. Alors d’où viennent ses effets soi-disant positifs sur le système cardiovasculaire? Tout d’abord du fait que l’huile de coco est complètement métabolisée par l’organisme, ainsi elle ne se loge pas dans les artères et ne participe pas à la formation de plaque d’athérosclérose. Deuxièmement, l’acide laurique quelle contient va plutôt augmenter la proportion de HDL soit le ‘’bon cholestérol’’ dans le sang. Ainsi, la consommation d’huile de coco doit être limitée à 10% de la valeur quotidienne comme toutes les autres sources de gras saturés, puisqu’elle aurait un effet plutôt néfaste en grandes quantités.
Effet sur le système immunitaire : L’huile de coco possède des vertus antibactériennes et antifongiques. Celles-ci lui viennent encore une fois de la fameuse acide laurique, qui atteint une proportion d’environ 45-50% dans la composition de l’huile de coco. Celle-ci agit comme bactéricide notamment contre le staphyloccus aureus, helicobacter pylori et la croissance du clostridium difficile. Ces trois bactéries sont largement répandues notamment dans les infections provenant de plaies cutanées ou de dermatite ou encore dans le cas de certaines maladies tel l’herpès par exemple.
Effet dans le système digestif : Le système digestif commence par la bouche, et l’huile de coco apparait comme ingrédient dans certains dentifrices naturels. Par contre ses effets sont grandement controversés dans la littérature scientifique et son efficacité serait semblable à l’utilisation d’autres huiles tels l’huile de sésame ou l’huile d’olive. L’huile de coco se présente comme un aliment clé dans le régime cétogène (que l’on discute ICI). Sa consommation est vantée pour la perte de poids mais qu’en est-il réellement. Tout d’abord la consommation d’huile de coco pourrait agir comme un coupe-faim de par son apport très calorique. Par contre, encore une fois cet effet serait semblable à la consommation d’autres huiles. C’est sa forte consommation en TCM qui favoriserait la perte de poids de par leur absorption et digestion rapide comme source d’énergie. Hors tous les effets attribuables à l’ingestion d’huile TCM commerciale ne peuvent se généraliser à l’huile de coco. Les autres effets possibles de l’huile de coco sur le système digestif concernent son action antibactérienne et l’augmentation de production de probiotiques.
Effet sur les systèmes nerveux et endocrinien : Les TCM de l’huile de coco sont facilement absorbés et métabolisés comme discuté plus tôt et c’est notre foie qui est responsable de cette transformation en cétones. Les cétones sont une importante source d’énergie pour le cerveau en particulier chez les personnes souffrant de troubles de mémoires tels que dans la maladie d’Alzheimer. De plus, l’huile de coco pourrait aider à stabiliser les niveau de glucose et à augmenter la sensibilité à l’insuline de façon à diminuer les risques de diabète de type 2.
Effet sur la peau : L’application topique d’huile de coco à de nombreux effets, incluant l’action antibactérienne, anti-inflammatoire et antioxydante. De par ses propriétés émollientes, elle tend à amollir et détendre les tissus. Elle a également une fonction d’hydratation notamment du à sa part d’acide linoléique. Elle est vanté en cosmétique pour la prévention des vergetures en augmentant l’élasticité de la peau et la cellulite en favorisant sa détoxification. Par contre, ces bienfaits ne sont que très peu étudiés scientifiquement.
Ses utilisations et ses risques
L’usage d’huile de coco est multiple, tant dans le domaine de l’alimentation que des cosmétiques. Ainsi, dans alimentation l’huile de coco peut être ajoutée à de nombreuses recettes. Personnellement, j’aime l’utiliser pour remplacer le beurre dans les desserts ou encore en ajouter une cuillère à thé de temps en temps dans mon café. Cette petite habitude me provient d’un voyage à Hawaii ou les bulletproof coffee sont très populaires. Par contre, lorsque l’on commence à consommer l’huile de coco, il faut y aller avec modération car certains effets secondaires indésirables peuvent survenir tels des douleurs abdominales ou de la diarrhée. Sans compter la possibilité de réactions allergiques incluant des nausées, vomissements, éruptions cutanées et pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique grave. En cosmétique, l’utilisation d’huile de coco pure est multiple en tant qu’huile de massage, huile à raser, baume à lèvres, masque pour cheveux, etc. Des recettes de cosmétiques maison de toutes sortes existent passant par les exfoliants, sel de bain, dentifrice et crèmes solaires. Attention car elle n’offre qu’une mince protection solaire avec un SPF d’environ 4. De plus, il faut porter une attention particulière lorsqu’elle est utilisée en combinaison avec des huiles essentielles puisque celles-ci sont très puissantes. Finalement, l’utilisation d’une quantité importante dans la salle de bain pourrait finir par créer des bouchons lorsqu’elle se solidifie dans la tuyauterie.
L’huile de coco a de multiples bienfaits et ses usages sont des plus diversifiés. Par contre, il est important de l’utiliser avec modération et de choisir une huile de qualité au moment de l’achat.
Références
- DebMandal M, Mandal S. Coconut (Cocos nucifera L.: Arecaceae): in health promotion and disease prevention. Asian Pac J Trop Med. 2011;4(3):241–7.
- Sankararaman, S. & Sferra, T.J. Are We Going Nuts on Coconut Oil? Curr Nutr Rep (2018) 7: 107.
- Schuster GS, Dirksen TR, Ciarlone AE, Burnett GW, Reynolds MT, Lankford MT. Anticaries and antiplaque potential of free-fatty acids in vitro and in vivo. Pharmacol Ther Dent. 1980;5(1–2):25–33.
- Fernando WM et al. The role of dietary coconut for the prevention and treatment of Alzheimer's disease: potential mechanisms of action. Br J Nutr. 2015 Jul 14;114(1):1-14.
- LaBarrie J, St-Onge M-P. A coconut oil-rich meal does not enhance thermogenesis compared to corn oil in a randomized trial in obese adolescents. Insights Nutr Metab. 2017;1(1):30–6.